POLLUTION ATMOSPHERIQUE
André Salaün
La pollution de l’air est
constituée d’un ensemble complexe de polluants solides et gazeux comprenant
des polluants primaires et des polluants secondaires résultant de la
transformation des précédents et de réactions entre eux. Nous examinerons le
cas des principaux polluants : leurs origines, les effets pathologiques,
les concentrations actuelles dans l’atmosphère et l’évolution de ces
concentrations au cours du temps.
J’ai entendu bien des personnes
d’origines socioprofessionnelles différentes dire que la pollution urbaine ne
cesse d’augmenter, qu’on ne sait où cela va nous mener, que cela devient bien
inquiétant...etc... Bien évidemment, ces personnes n’ont pas inventé cette
augmentation de la pollution, elles répètent ce qu’elles ont vu et entendu
dans les grands moyens d’information :
presse, radio, télévision !
Qu’en est-il en réalité ?
En réalité, la pollution de l’air dans les villes a fortement diminué, par
rapport aux décennies précédentes, comme nous le montrerons dans les pages suivantes.
Il est attristant de voir
comment la rumeur peut prendre le pas sur des réalités scientifiques démontrées
par les résultats de mesures sérieuses ! Mais la rumeur est rarement
innocente ; elle naît, elle grandit, elle se répand généralement dans un
but déterminé, mais qui n’apparaît pas toujours d’une façon évidente.
La rumeur peut naître d’une
information tendancieuse ou même exacte mais déformée et amplifiée par les
médias. Dans ce domaine, la télévision a un pouvoir incomparable pour créer
et propager la rumeur, au moyen d’images bien choisies, propres à frapper
l’opinion. Ainsi, la rumeur poursuit son chemin et la majorité de l’opinion
est bientôt persuadée que la pollution de l’air augmente constamment !
C’est l’automobile qui est principalement mise en accusation, l’automobile
qui est, effectivement une source de pollution de l’air des villes, et chacun
se sent responsable de cette situation, coupable de « trop utiliser sa
voiture » ! Le Pouvoir utilise cette mise en condition de l’opinion
pour augmenter les taxes sur l’essence, le gazole, le tabac... Ces produits
qui polluent et nuisent à la santé ce
qui est également exact.
Estimant que la fin justifie les moyens, quelques scientifiques
peuvent aussi être à l’origine de cette rumeur sur l’augmentation de la
pollution, qui peut leur servir à
obtenir des crédits supplémentaires de recherche !
Il est plus confortable d’aller
dans le sens de la rumeur que de tenter de la combattre ; des arguments
logiques sont sans effet, car la rumeur est irrationnelle par nature. Pour
rétablir la réalité, de quels moyens de communication avec le grand public,
les scientifiques peuvent-ils disposer ? Ainsi, au milieu d’une grande
diatribe télévisée sur la pollution grandissante, à peine entend-on la voix
timide d’une représentante d’AIRPARIF déclarer
que la pollution a fortement diminué
! Les informations
données par des scientifiques sont aussi, parfois, tournées en dérision par
des médias. Tel fut le cas pour l’affaire du nuage radioactif de Tchernobyl.
Le responsable du SCPRI
avait déclaré que les retombées radioactives du « nuage » seraient
sans conséquences pour la France. Ce qui fut rigoureusement exact. La dose de
radiation reçue en moyenne, par la population a été de 5 à 15 millirems
(mrem) suivant les régions, (pour la première année et beaucoup moins les
années suivantes, compte tenu de la courte période de l’Iode 131 qui
représentait environ la moitié de la radioactivité du nuage . Cette dose de radiation
est peu de chose comparée à la radioactivité naturelle dont les effets varient
de 100 à 300 mrem, en France, suivant les régions, sans qu’il y ait la
moindre corrélation entre les variations de doses reçues et les taux de
cancers. L’Iode 131 se fixe sur la thyroïde et peut provoquer, chez les
enfants, des cancers de la thyroïde. Dans les régions les plus touchées par
le nuage , on ne trouve aucune
augmentation signi-ficative du nombre de ces cancers.
Cette déclaration du SCPRI qui
se voulait rassurante (à juste titre) et qui, donc, pour les médias cachait
quelque chose de grave, fut traduite en cette phrase absurde : le nuage ne passera pas la
frontière ! C’est cette phrase
qui est restée, depuis lors, attribuée au SCPRI et non pas la réalité du
propos qui découlait d’études sérieuses de modélisation mathématique des
retombées atmosphériques !
On peut concevoir que des
scientifiques aient quelques réticences à s’exprimer lorsque prospère la rumeur...
La pollution de l’air, lors de pointes de pollution , lorsque les conditions
atmosphériques sont défavorables pour assurer la dispersion des polluants
dont les concentrations atteignent des valeurs relativement élevées, n’est
sans doute pas sans effet sur la santé. Mais peut-on attribuer tous les maux
à la pollution de l’air ? Prenons le cas de l’asthme dont la fréquence
des crises serait en augmentation.
Les polluants atmosphériques,
comme les pollens, les moisissures, les acariens, etc..., peuvent être, pour
des personnes hypersensibles, des substances allergènes qui occasionnent des
processus inflammatoires des tissus.
Les allergènes sont des
intermédiaires qui déclenchent les crises mais ne sont pas la cause fondamentale
de l’asthme.
L’asthme est caractérisé par
des spasmes bronchiques dus à des contractions d’origine nerveuse des muscles
lisses qui entourent les bronches et les bronchioles. La fréquence et
l’intensité des crises d’asthme sont dues, essentiellement, à l’influence
psychophysiologique des émotions, des états d’anxiété agissant sur le système
neurovégétatif qui est, notamment, un régulateur de la fonction respiratoire.
Or, la période actuelle est marquée par un état d’anxiété de
la majorité de la population, des chômeurs à la recherche vaine d’un emploi,
de ceux qui ont l’angoisse de perdre leur emploi ou l’obsession de la
faillite... Il est moins gênant de mettre en cause la pollution de l’air
comme facteur de trouble de la santé que la situation socio-économique
actuelle. Et c’est peut-être, là aussi, une des origines de la rumeur sur une
pollution grandissante .
Depuis dix ans, la durée
moyenne de vie augmente régulièrement de 3 à 4 mois par an comme le montre le
tableau suivant :
|
Durée moyenne
de vie
|
|
Hommes
|
Femmes
|
en 1986
|
71,5 ans
|
79,7 ans
|
en 1996
|
74 ans
|
82 ans
|
augmentation
par an
|
4,2 mois
|
2,8 mois
|
Si la pollution de l’air était
aussi en constante augmentation et atteignait des concentrations élevées, inconnues
jusqu’à présent, faudrait-il conclure que la pollution de l’air est sans
effet sur la santé ? ou bien qu’il n’y a pas de relation entre état de
santé et durée de vie ?
La pollution a fortement
diminué mais il subsiste une pollution de l’atmosphère des villes que l’on ne
saurait négliger. Il faut encore agir pour la réduire, non pas n’importe
comment mais d’une façon réaliste, progressiste, en faisant avancer la
science et la technique et en tenant compte des facteurs sociaux et
économiques qui sont, actuellement, prépondérants.
Le mythe du bon vieux temps .
Pour certains, le bon vieux temps est paré de toutes les
vertus, ce qui existait autrefois , quand l’eau et l’air
étaient purs quand il n’y avait pas l’engrais chimique et que la nourriture était
naturelle et saine... Ce bon vieux temps existait-il avant les congés payés , avant le développement
industriel ou à des époques plus lointaines lorsque sévissaient famines et
épidémies qui entraînaient la disparition de la moitié de la population
française ?
L’eau était-elle pure ? Nous citerons cette
phrase de l’historien Leroy-Ladurie ; Boire du vin était un brevet
de longue vie... car l’eau contenait des miasmes , des bactéries, de protozoaires,
ce qu’on ignorait à l’époque et qui étaient responsables de maladies
diverses, typhoïdes, dysenterie, amibiase etc... Quant à l’air pur , nous reproduirons les
citations d’auteurs anciens, publiées par R. Leygonie
Dès que j’aurai laissé
derrière moi l’oppressant air de la ville et la puanteur des fumantes cheminées
qui, une fois leurs feux allumés, vomissent toutes les pestilentes fumées et
suies qu’elles contiennent, je me sentirai tout à fait un autre homme .
C’était il y a 2000 ans, ce
qu’écrivait le philosophe romain Sénèque...
Plus près de nous, en 1661,
John Evelyn adressait une requête au roi d’Angleterre, ainsi rédigée :
Londres... drape sa tête
majestueuse dans les nuages de fumées et de soufre, si remplis de puanteur et
de noirceur... qu’est tout cela sinon cet infernal et lugubre nuage de
charbon ? Les habitants (de Londres) ne respirent qu’une brume impure et
épaisse, accompagnée de vapeurs fuligineuses et sales, qui les rend sujets à
mille désagréments, attaque leurs poumons, dérègle le comportement tout
entier de leurs corps de telle sorte que les catarrhes, la phtisie, la toux,
sévissent plus en une seule cité que sur tout le reste de la Terre...
Au début de l’ère industrielle,
en 1883, A. Ledereau publiait un article dans les annales de chimie physique,
intitulé : l’acide sulfureux dans
l’atmosphère de Lille dans lequel il
écrivait : l’air que l’on y respire (à
Lille) laisse un arrière-goût dans l’arrière bouche, provoque des
enrouements, des malaises de la gorge et des bronchites ; il attaque les
instruments métalliques, les rideaux et tentures et les toitures en zinc...
Les analyses faites pendant plusieurs mois ont donné des valeurs de 2,2 cm3
d’acide sulfureuse par m3 par air calme et 1,4 cm3 par
vent fort...
La concentration en acide
sulfureuse (ou dioxyde de soufre SO2) était donc de 5.900 microgrammes
(ou (5,9 mg) par m3 par vent fort et 3 700 microgrammes par vent
faible. Ces concentrations sont des valeurs moyennes, ce qui laisse supposer
qu’il y avait des pointes de pollution avec des niveaux
bien plus élevés. On ne sait pas combien de décès ont été dus à cette
pollution mais les causes de mortalité étaient tellement nombreuses à cette
époque où l’espérance de vie était à peine la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui.
Nous terminerons ce retour au
passé par l’épisode de smog qui
sévit à Londres en 1952. Du 5 au 9 décembre, la pollution de l’air atteignit
des niveaux élevés avec un maximum les 7 et 8 décembre où l’on enregistra une
concentration, pour 24 heures, de 3.800 microgrammes de dioxyde de soufre (SO2)
et plus de 4.500 microgrammes de poussières.
La concentration en SO2
était 10 fois supérieure à la con-centration de l’année précédente pour la
même période, ce qui a entraîné 4.000 décès supplémentaires. Par rapport à la
même période de l’année précédente le nombre de morts par maladies
respiratoires a été multiplié par 8 et par 4 pour maladies
cardio-vasculaires. Ce furent surtout les personnes âgées de plus de 45 ans
qui furent victimes et aussi les enfants de moins d’un an. Les cas de
bronchite furent particulièrement nombreux/
Le dioxyde de soufre (S02).
C’est le polluant majeur de
l’atmosphère, le premier polluant qui a été pris en considération et le premier
à avoir été mesuré de manière continue. L’épisode de smog de 1952 à Londres a
mis en évidence les effets de SO2 sur la santé mais pour des
concentrations très élevées de courte durée. Mais quels sont les effets du SO2
sur la santé pour une exposition de longue durée, à des concentrations
moyennes annuelles très inférieures à celle du smog de Londres en 1952 ?
L’enquête épidémiologique
nationale effectuée de 1974 à 1976 permet d’apporter une réponse à cette
question.
Cette enquête a porté sur 20
zones réparties dans 7 villes et a pris en compte les principaux polluants :
SO2 particules en suspension et oxydes d’azote. Une corrélation
est établie entre les affections respiratoires et SO2, uniquement.
La concentration en SO2
variait, suivant les zones, de 22 à 85 microgrammes (g) par m3 d’air en moyennes
annuelles.
L’étude met en évidence la
corrélation entre la teneur en SO2 et la fréquence des affections
des voies respiratoires inférieures chez les adultes ou des voies
respiratoires supérieures chez les enfants. Pour l’ensemble de la population,
adultes et enfants, il y a une corrélation négative entre la fonction respiratoire
et la concentration en SO2 : le taux de SO2
diminue le volume expiré maximum par seconde (VEMS). L’Organisation Mondiale
de la Santé considère que pour la protection de la santé publique les
concentrations en SO2 ne doivent pas dépasser :
50 g /m3 en
moyenne annuelle
125 g/m3 pour une
période de 24 heures
L’OMS considère qu’il y a un
effet de synergie entre SO2 et particules. Ceci se produit sans
doute pour des concentrations plus élevées que celles de l’étude PAARC où un
tel effet n’est pas observé.
Les émissions de SO2.
Elles sont dues,
principalement, aux combustibles soufrés, charbon, pétrole et,
particulièrement, fioul lourd. Lors des combustions, le soufre est oxydé avec
formation de SO2 :
S + O2SO2
Au cours des ans, les quantités de SO2 émises, en France,
dans l’atmosphère ont fortement diminuées comme le montre le tableau
suivant :
Tableau 1 :
Années
|
1973
|
1980
|
1982
|
1984
|
1986
|
1992
|
SO2 en
millions de
tonnes par an
|
4
|
3,5
|
2,2
|
1,9
|
1,6
|
1,15
|
La diminution des émissions est due à plusieurs causes :
· abaissement de la teneur en soufre des produits
pétroliers
· remplacement de combustibles par des combustibles
moins soufrés (remplacement du fioul lourd par du charbon, développement du gaz naturel)
· diminution de l’activité de la grande industrie -
sidérurgie notamment
· remplacement des centrales thermiques au charbon
ou au fioul par les centrales nucléaires. Ce remplacement a permis une
diminution des émissions de SO2 des centrales EDF de 67 % par
rapport à 1973 où les émissions des centrales EDF étaient supérieures à 1
million de tonnes de SO2 par an.
Le tableau 2 indique la part des différents secteurs d’activité dans
le total des émissions.
Tableau 2
Secteurs
d’activité
|
Emissions de SO2
en milliers de tonnes en 1986
|
Industries
|
664
|
Centrales thermiques
|
354
|
Raffineries
|
228
|
Tertiaire
|
220
|
Transports
|
114
|
TOTAL
|
1 600
|
Le secteur tertiaire comprend
le chauffage des commerces, bureaux et habitation. Il représentait, en 1986,
14 % des émissions totales de SO2. Entre 1973 et 1986, ces émissions ont
diminué de 60 % par suite, d’une
part, du remplacement du chauffage au fioul domestique par le gaz ou
l’électricité et, dans certaines villes comme Paris, par le développement du
chauffage urbain. D’autre part, la teneur en soufre du fioul domestique (et
du gazole, responsable des émissions dues aux transports) a régulièrement
diminué :
0,7 % de soufre dans les années 60
0,5 % de soufre dans les années
50
0,3 % de soufre en 1980
0,2 % depuis octobre 1994
et prochainement, 0,05 % de
soufre.
Cette nouvelle réduction de la teneur en soufre du fioul domestique et
du gazole apportera une amélioration de la qualité de l’air en milieu urbain.
La concentration en SO2 dans l’atmosphère des villes.
La teneur de l’air en SO2
dépend des conditions météorologiques qui assurent ou non la dispersion des
polluants (notamment, vent fort ou absence de vent ) mais aussi, bien
évidemment, de l’importance des émissions.
Il est tout aussi évident que
la réduction des émissions s’accompagne d’une diminution de la pollution. La
figure 1 met en évidence cette diminution : la concentration moyenne
annuelle, qui était de 210 g/m3 en 1959, tombe à 20 g/ m3 en 1994, dans
l’agglomération parisienne, soit 10 fois moins qu’en 1959 Les concentrations moyennes mensuelles
sont également réduites d’une façon spectaculaire comme le montre la figure
2.
Les mesures ont été faites au
même poste de la rue Ferdinand Flocon (Paris 18ème) à quinze ans
d’intervalle. La pollution la plus forte se produit au mois de Novembre mais
si elle est de 48 g de SO2 par m3
en 1993, elle était de 232 g/m3 en 1978 soit
près de 4 fois plus élevée (en moyennes mensuelles).
La figure 2 montre aussi que
c’est pendant l’hiver, d’octobre à mars, que la pollution est la plus forte
du fait des émissions dues au chauffage et aussi de situations
météorologiques souvent défavorables, particulièrement en novembre.
La figure 3 présente
l’évolution de la pollution par SO2, à Paris, depuis 1959, les
concentrations en SO2 étant exprimées en valeurs moyennes pour les
périodes d’hiver.
Ces résultats montrent bien l’exactitude de ce que nous affirmions en
introduction : la pollution de l’air a fortement diminué par rapport aux
précédentes décennies.
Les concentrations en SO2 dans la plupart des villes
françaises sont du même ordre qu’à Paris. Dans des zones industrielles comme
à Fos/Mer, ou à Lacq, la moyenne annuelle est inférieure à 50 g de SO2 par m3
d’air en accord avec la recommandation de l’OMS.
Le dioxyde de soufre est une
référence, car les effets sur la santé ont été effectivement mis en évidence,
contrairement aux autres polluants, du moins aux concentrations que l’on
rencontre dans l’atmosphère des villes françaises.
Il subsiste cependant des pointes de pollution, de courtes durées, où
la concentration en SO2 atteint des valeurs élevées, lorsque les
conditions météorologiques sont défavorables pour la dispersion des polluants
(absence de vent, inversion de température...)
Ceci se produit parfois, en région parisienne, autour de la centrale
EDF de Vitry, fonctionnant au fioul lourd ou au charbon. Mais, récemment, EDF
s’est engagée à arrêter la centrale lorsque les conditions météorologiques
seront mauvaises... en attendant de mettre en place un système de
désulfuration.
Toutefois, pour ces pointes de pollution, les concentrations maximales
journalières sont nettement plus faibles qu’autrefois, comme le montre le
tableau 3
Tableau 3 :
Evolution de la concentration maximale journalière pour le poste de
mesure le plus chargé (en g de SO2 par m3)
Année
Ville
|
1978
|
1992
|
ROUEN
|
1321
|
620
|
LE HAVRE
|
1555
|
350
|
MARSEILLE
|
797
|
120
|
PARIS
|
777
|
180
|
Les concentrations maximales
journalières sont 2 à 6 fois (suivant les villes) plus faibles en 1992 qu’en
1978.
Elles restent cependant parfois
trop élevées comme à Rouen en 1992, avec 620g/m3.
Il semble difficile de
supprimer totalement les pointes de pollutions faute de pouvoir agir sur la
météorologie...
Quoique certains aient proposé
d’installer, sur les toits de Paris, une multitude de ventilateurs, ce qui,
en absence de vent permettrait de chasser les fumées vers... les banlieues..
Des mesures ont été prises pour
limiter les concentrations de pointe. Dès 1960, EDF installait des appareils
de mesure manuels (appareil S.F. : soufre et fumées) autour des
principales centrales thermiques, puis des réseaux d’appareils automatiques,
à partir de 1968. Lorsque la teneur en SO2 dépassait pendant une
heure un certain seuil, la centrale était mise en alerte ce qui impliquait de réduire
les émissions de SO2..Ceci pouvait être obtenu en diminuant la
consommation de la centrale ou en utilisant un combustible moins soufré. Ce
seuil était fixé à 600 g de SO2 par m3,
soit légèrement inférieure au seuil de détection olfactive qui se situe vers
800 à 1000 g de SO2 par m3.
C’est en 1972, que fut installé, à Rouen, le premier réseau de mesure
et d’alerte à la pollution. De tels systèmes ont ensuite été, progressivement,
implantés dans la plupart des grandes villes. Lorsque la teneur en SO2
atteint un certain seuil (par exemple 350 microgrammes de SO2 par
m3 pour tenir compte de la directive CEE qui stipule que la
concentration en SO2 ne doit pas dépasser 350 microgrammes/m3
pendant plus de 3 jours consécutifs) les installations grosses consommatrices
de combustibles soufrés (fioul lourd et charbon) doivent s’arrêter de
fonctionner ou diminuer la consommation ou utiliser des combustibles moins
soufrés. Autrement fit, on doit réduire, par un moyen approprié, les
émissions de SO2 de ces installations.
Des « zones de protection
spéciale »
ont été créées, en 1974 pour les agglomérations de Lille et de Lyon et, en
1976 (arrêté du 22 septembre 1976) pour la région parisienne (Paris et petite
Couronne). Dans ces zones, pendant la période d’hiver, il y a obligation de
n’utiliser que des combustibles peu soufrés : par exemple, fioul lourd à
basse teneur en soufre (BTS) contenant moins de 2 % de soufre ou pendant les
périodes d’alerte, à très basse teneur en soufre (TBTS) à moins de 1 % de
soufre.
Malgré toutes ces mesures, il
subsiste des pointes de pollution importantes comme à Rouen en1992 (tableau
3). Pour les supprimer, faudrait-il, pendant les périodes «
d’alerte »,
lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, cesser toute
activité industrielle, interdire la circulation des camions et des voitures
Diesel, mettre à l’arrêt les chaudières à fioul du chauffage des
immeubles ? Le «
remède ne serait-il pas pire que le mal » ?
Il existe des moyens techniques
pour diminuer les émissions de SO2, particulièrement dans les
zones sensibles : réduire la teneur en soufre des combustibles, équiper
de système de désulfuration des fumées les installations grosses consommatrices
de charbon ou de fioul lourd...
La réduction prévue à 0,05 % de
soufre du gazole et du fioul domestique devait apporter une amélioration
sensible.
La pollution par SO2
a été fortement diminuée mais il reste des progrès à faire, pour supprimer
les «
pointes de pollution »
qui peu-vent avoir un effet sur la santé.
Les poussières.
Les poussières sont un mélange
complexe de différentes substances de composition chimiques variées, plus ou
moins potentiellement nocives.
En milieu professionnel, bien
des atteintes à la santé sont produites par inhalation de poussières
diverses, entraînant des pathologies graves, souvent mortelles :
·
la silicose des mineurs de charbon, des meuleurs de
grès..., due à la silice
·
l’asbestose, fibrose pulmonaire des travailleurs de
l’amiante
·
la sidérose des mineurs de fer, des soudeurs etc, une
pneumoconiose (altération des poumons) due à l’inhalation d’oxydes de fer
·
la pneumonie manganique due à l’inhalation d’oxydes
de manganèse
·
etc...
Les processus inflammatoires
qui résultent souvent de l’empoussiérage des poumons — comme dans le cas de
la silicose ou de la sidérose — favorisent les développements bactériens et
viraux.
Dans l’environnement,
l’exposition aux poussières est considérablement plus faible qu’en milieu
professionnel. Les poussières comprennent des particules dues à l’activité
humaine, surtout dans les villes, et des apports naturels produits par
l’érosion des sols et transportés par les vents. Ces apports sont
particulièrement visibles en Provence lorsque le sirocco amène, des déserts
d’Afrique, de grandes quantités de poussières ocre-jaune. Les poussières dues
à l’activité humaine sont les «
fumées noires »
produites par les foyers de combustion de charbon et de pétrole, et par les
véhicules.
Ce sont les fumées noires
(F.N.) qui sont prises en considération dans la pollution urbaine.
Les fumées noires sont
essentiellement constituées de particules de carbone dont une petite part
sont de diamètre inférieur à 2,5 microns (ou micromètre millionième de mètre,
m) et susceptibles de
pénétrer dans les alvéoles pulmonaires. Les particules de carbone sont
inertes et ne produisent pas de réactions inflammatoires. Cependant, par
temps humide, les particules de carbone constituent des noyaux de
condensation de la vapeur d’eau et peuvent ainsi transporter dans les poumons
des polluants nocifs de l’atmosphère, par dissolution ou adsorption,
notamment les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont certaines
molécules sont cancérogènes et le SO2 qui s’oxyde en acide
sulfurique (SO4 H2).
Des auteurs ont, depuis
longtemps, admis un effet de synergie entre SO2 et fumées noires.
Il s’agissait vraisemblablement dans ces études, de concentrations
importantes en ces deux polluants, ou bien l’analyse statistique était
insuffisante pour en séparer les effets sur la santé, car les concentrations
en ces deux polluants sont généralement associées.
L’étude épidémiologique
P.AA.R.C ne met pas en évidence une action sur la santé des fumées noires
dont les concentrations moyennes annuelles, dans cette étude, varient de 18 à
152 g/m3
L’OMS, qui associe
SO2 et fumées noires dans ses recommandations, estime que pour la
protection de la santé publique, la teneur moyenne annuelle en F.N. ne doit
pas dépasser 50 g/m3 et 125 g pour une période de 24
heures. La directive européenne prend ces mêmes chiffres comme «
valeurs-guides »
mais des concentrations plus élevées comme valeurs-limites : 80 g en moyenne annuelle et 250
g pour le «
percentile 98 »
des moyennes de 24 heures (autrement dit, la concentration moyenne des 7
jours les plus pollués de l’année ne doit pas dépasser 250 g/m3).
Ces « valeurs limites »
sont susceptibles d’être diminuées, au fur et à mesure que le progrès
technique permet de réduire les émissions, l’objectif étant d’amener les
concentrations atmosphériques à celles des «
valeurs guides ».
La mesure des particules dans
l’environnement n’est pas simple ; les résultats varient d’une façon importante
suivant les techniques utilisées. Le choix des points de prélèvements a
également une grande incidence sur l’évaluation de la concentration dans
l’atmosphère. Près des lieux d’émission, il y a une grande quantité, en
poids, de grosses particules. Celles-ci se déposent rapidement et seules, les
particules de diamètre inférieur à 5 m restent en suspension dans
l’air et contribuent à la pollution de l’atmosphère.
C’est en milieu urbain que les
concentrations en fumées noires sont les plus importantes mais actuellement,
la moyenne annuelle de 50 g par m3, (valeur
recommandée par l’OMS et valeur-guide de la CEE) n’est jamais dépassée. Il en est de même pour le percentile 98 de 250 g/m3 de la
Directive CEE. Par contre, la moyenne journalière maximale de 125 g/m3 (recommandation de l’OMS) est fréquemment dépassée.
Aux cours des années, la
pollution particulaire a été nettement diminuée dans la plupart des villes
française. A Paris, comme le montre la figure 4, en 30 ans, les
concentrations en fumées noires ont été réduites d’environ deux fois. A Marseille,
en 1965, la moyenne annuelle était de 159 g/m3 ; elle
est actuellement de l’ordre de 30 g/m3, soit une
diminution de près de six fois.
La réduction de la pollution
par les particules est due, essentiellement, aux modifications des moyens de
chauffage (remplacement du charbon et du fioul par le gaz et
l’électricité...) et aussi par les améliorations apportées aux moteurs
Diesel. Actuellement, selon la Directive CEE du 26 Juin 1991, la valeur limite
d’émission de particules des véhicules est de 0,14 g par km ; cette
valeur devrait prochainement être portée à 0,08 g par km. Des progrès restent
cependant à faire en ce qui concerne les Diesel car l’augmentation du nombre
de véhicules Diesel, poids lourds et véhicules légers, risque fort de compromettre
une réduction ultérieure de la pollution par les particules.
Actuellement, environ la moitié
des voitures construites en France sont des Diesel, dont Renault et Peugeot
sont les principaux constructeurs, au plan mondial. Depuis quelques temps, on
assiste à des campagnes de presse, relayées par la télévision, contre les
véhicules Diesel. Certes, le Diesel a une forte responsabilité dans la
pollution par les particules mais, en revanche, il émet beaucoup moins que
les véhicules à essence, d’oxyde de carbone (CO) et d’hydrocarbures qui sont
parmi les principaux polluants de l’atmosphère urbaine. Ces campagnes, basées
sur la protection de la santé publiques permettent aux pouvoirs publics de
justifier auprès de l’opinion, des augmentations de taxes sur les carburants
et sur le gazole, en particulier.
Lors d’un colloque sur la
pollution urbaine, auquel participait l’auteur de ces lignes, une journaliste
de télévision, vitupérant contre la pollution due aux automobiles, déclarait
qu’il fallait restreindre l’usage de la voiture en ville et, pour cela,
augmenter considérablement les taxes sur les carburants de telle sorte que ce
soit dissuasif pour utiliser sa voiture.
Mais dissuasif pour qui ?... pour ceux qui ont les revenus les
plus faibles ! Les taxes, en effet, accroissent les inégalités sociales
et apportent une discrimination supplémentaire par l’argent.
Les campagnes médiatiques
contre le Diesel (certains proposant même que le Diesel soit interdit en
ville) ne sont pas sans conséquences économiques. Ainsi, au cours du 1er
semestre de 1996, le nombre d’immatriculations de voitures a augmenté, en
France, par rapport à l’année précédente. Mais c’est surtout les importations
qui ont augmenté, cependant que la vente des Diesel des deux principaux constructeurs
Renault et Peugeot a nettement diminué. Y a-t-il une relation de cause à
effet ou s’agit-il d’une simple coïncidence ?
De grand progrès ont été
réalisés sur le moteur Diesel mais il en reste à faire pour diminuer les
émissions de particules afin d’améliorer la qualité de l’air. Le Diesel, qui
a l’avantage d’un meilleur rendement énergétique que le moteur à essence, a
sa place dans le parc automobile, ne serait ce que pour une utilisation rationnelle
des produits pétroliers, pour un équilibre optimum entre l’industrie
pétrolière et l’industrie de l’automobile.
Notons que l’abaissement
prochain de la teneur en soufre du
fioul domestique et du gazole, de 0,2 % à 0,05 %, devrait avoir pour
conséquence une diminution de l’acidité des particules émises lors de la
combustion de ces produits et, donc, une diminution de la nocivité potentielle
des particules.
Les oxydes d’azote.
Les oxydes d’azote présents
dans l’atmosphère sont, essentiel-lement :
· l’hémioxyde (ou protoxyde d’azote) N2O,
principalement d’origine naturelle
· le monoxyde (ou oxyde azotique) NO
· le dioxyde (ou peroxyde d’azote) NO2
Le mélange de monoxyde et de
dioxyde est souvent représenté par le symbole Nox.
Les oxydes d’azote d’origine
naturelle.
L’azote de l’atmosphère est fixé par les végétaux et les bactéries du
sol sous forme de nitrates. La majeure partie des nitrates sont décomposés
par les bactéries anaérobies du sol avec émission d’azote (N2)
d’hemioxyde (N2O) et, pour une petite partie, de monoxyde (NO) et
de dioxyde (N02).
Les échanges entre l’atmosphère
et le sol sont très importants. Les émissions de N2O sont de
l’ordre de 1 milliard de tonnes par an.
Les émissions naturelles de NOx
sont environ dix fois les émissions dues à l’activité humaine mais comme
elles sont réparties sur toute la surface de la terre, la concentration
« naturelle » en NOx, au niveau du sol, est faible, de 3 à 4 microgrammes
(g) par m3 d’air.
Notons que Stéphane Henin (de
l’Académie d’Agriculture) a calculé que sans le retour à l’atmosphère de
l’azote par l’action des bactéries de la dénitrification il y a bien
longtemps qu’il n’y aurait plus d’azote dans l’atmosphère. Ceci pour illustrer
l’importance des échanges d’azote entre le sol et l’atmosphère.
Il se forme aussi des oxydes
d’azote NOx par réaction entre l’oxygène et l’azote de l’atmosphère sous
l’action de l’électricité atmosphérique. On estime que, par ce processus,
l’apport d’azote, au sol, sous forme d’oxyde est en moyenne de 4 à 10 kg par
hectare et par an.
Remarque : L’hémioxyde N2O est oxydé, dans la
stratosphère, par action de l’ozone et du rayonnement ultraviolet, en formant
du dioxyde NO2 puis de l’acide nitrique NO3 qui rejoint
la basse atmosphère et est ramené au sol par les pluies..
Dans la basse atmosphère, N2O
est chimiquement inerte et n’est pas considéré comme un polluant de l’air
bien qu’il ne soit pas sans effet biologique. C’est un excitant du système
nerveux et, à forte concentration, il a des propriétés anesthésiques. C’est
du reste, le premier anesthésique qui a été utilisé (en 1844, par un dentiste :
Horace Wells).
Les oxydes d’azote produits
par les activités humaines.
Lors des combustions, l’oxygène et l’azote de l’air se combinent sous
l’effet de la chaleur (à partir de 1 000° C environ) pour former le monoxyde
de l’azote NO, en quantités d’autant plus grandes que la température est plus
élevée. Au contact de l’air, NO s’oxyde en NO2, seulement si la
concentration en NO est élevée. Ainsi, à la sortie du tuyau
d’échappement des moteurs de
véhicules c’est au maximum 10 % du NO qui est oxydé :
2 NO +
O22NO2
La réaction s’arrête lorsque la
concentration en NO devient faible, par suite de la dilution dans l’air.
L’oxydation de NO en NO2
se poursuit dans l’atmosphère par l’action de l’oxygène, du rayonnement solaire
et des composés organiques volatils (les COV) comprenant des hydrocarbures
des aldéhydes, des alcools etc...
Le processus d’oxydation est
très complexe et peut faire intervenir les réactions suivantes :
a) oxydation d’hydrocarbures
éthyléniques ou aromatiques par action du rayonnement solaire avec formation
de radicaux organiques et du radical oxydryle OH :
RH + O2RO. + OH
b) réactions des radicaux RO et
OH :
RO + O2 + NORO2 + NO2
RO2 + NORO +NO2
RH + OHR + H2O
R + O2RO2
RO2 + NORO + NO2
c) réactions sur les aldéhydes :
R-CHO + OHRCO + H2O
RCO + O2RCO3
RCO3 + NOR + CO2 +NO2
d) réactions avec l’oxyde de carbone
CO :
CO + OH + O2CO2 + HO2
HO2 + NONO2 + HO
etc...
Ces réactions radicalaires
d’oxydation interviennent aussi dans la formation d’ozone (O3)
cependant que par photolyse, par action du rayonnement UV de longueur d’onde
inférieure à 400 nanomètres (nm), NO2 est décomposé :
NO2NO +O
O + O2O3
Si l’atmosphère est suffisamment
concentrée en NO, l’ozone est détruit selon la réaction :
O3 + NONO2 + O2
Cette réaction contribue à limiter la
concentration en ozone (voir le chapitre «
ozone »)
Cette énumération de réactions
n’est pas limitative. Elle donne simplement un aperçu de la complexité des
phénomènes atmosphériques.
Les réactions entre les
différents composés présents dans l’atmosphère conduisent aussi à d’autres polluants
secondaires comme le peroxy-acetyl-nitrate (le PAN) par réaction entre des
composés organiques oxydés et NO2 :
CH3
CO3 + NO2CH3 CO-O2-NO2
Le PAN est souvent cité comme un
polluant particulièrement gênant mais les concentrations relevées en France
sont toujours très faibles par rapport aux recommandations de l’OMS (300 g par m3 pour une exposition
de 1 heure et 80 microgrammes pour 8 heures)
Les réactions présentées dans
ce texte montrent le rôle décisif des composés organiques volatils dans
l’oxydation de NO en NO2 et dans la formation des polluants photo-oxydants.
Les émissions d’oxydes
d’azote (NOx).
Pour l’ensemble de la France, elles sont de l’ordre de 1,5 millions de
tonnes par an et n’ont guère varié depuis une quinzaine d’années. Les
émissions d’origine naturelles sont environ le double mais celles-ci sont réparties
sur l’ensemble du territoire tandis que les émissions d’origines humaines
sont concentrées en des sites de surfaces restreintes et, particulièrement
dans les agglomérations où les émissions sont dues aux véhicules automobiles
et camions, pour 70 à 75 % et le reste dû aux combustibles pour l’industrie
et le chauffage.
Normes de qualité de l’air et
réglementation.
L’OMS recommande pour la protection de la santé publique de ne pas dépasser
les valeurs suivantes :
400 g de NO2 par m3
pour une durée de 1 heure
150g de NO2 par m3
pour une période de 24 heures
La CEE (directive 85/203du 7
mars 1985) fixe une valeur limite de 200 g de NO2 par m3
pour le percentile 98 des moyennes horaires annuelles ; autrement dit,
la moyenne de 2 % des valeurs horaires les plus élevées mesurées dans l’année
ne doit pas être supérieur à 200 g de NO2 par m3.
Les concentrations en NO2
dans l’atmosphère des villes françaises.
L’évolution des concentrations en NO2 ne peut être connue sur une
longue période, car ce n’est que depuis 10 à 15 ans que des mesures
systématiques sont effectuées pour NO2.
A Paris, comme le montre le
tableau n° 4, les concentrations moyennes annuelles en NO2 n’ont guère varié
depuis une dizaine d’années.
Tableau n° 4 : Paris, Pollution par NO2.
ANNEES
|
MOYENNES
ANNUELLES
microgrammes
de NO2 par m3 d’air
|
1984
|
52
|
1985
|
54
|
1986
|
48
|
1987
|
45
|
1988
|
47
|
1989
|
54
|
1990
|
48
|
1994
|
56
|
Le maximum horaire de 400 g/m3 de la recommandation de
l’OMS est parfois dépassé. Par exemple en 1991, on a noté une concentration
de 510 g, à Paris, (au poste de
mesures des Champs-Elysées) de 700 microgrammes à Lyon, et 560 microgrammes à
Amiens. En 1992, la concentration a atteint 450 g à Toulouse, 420 g à Besançon et 480 g à Mulhouse. Ces
concentrations élevées sont de courte durée. Le percentile 98 de la Directive
CEE de 200 g/m3 est rarement
dépassé : en 1991, 220 g à Lyon-Terreaux et 205 g à Marseille. En 1992,
seule la station de Lyon-Terreaux a atteint les 200 g du percentile 98 de la
Directive.
Les effets des oxydes d’azote sur la santé.
Il convient d’examiner
séparément les effets du monoxyde NO et ceux du dioxyde NO2.
Effets du monoxyde NO.
Nous n’avons pas connaissance de cas d’intoxication graves par NO.
Pour de fortes concentrations en NO, il y a transformation de l’hémoglobine
en méthemoglobine (Met-hb), entraînant une diminution de la capacité de
transport de l’oxygène par l’hémoglobine ; Des essais effectués avec des
concentrations de 3 mg de NO par m3 d’air (concentrations bien plus fortes
que les concentrations maximales atmosphériques) montrent qu’il n’y a pas
formation de Met-hb.
Aux concentrations présentes
dans l’atmosphère, NO n’a pas d’effets pathogènes mais, vraisemblablement, un
effet bénéfique sur la fonction respiratoire ! Voici plusieurs années
que NO est utilisé, en techniques de réanimation à Paris, à l’hôpital
Lariboisière, avec des concentrations relativement élevées. Inhalé à des
concentrations de 30 à 100 mg par m3 d’air, NO provoque une
vasodilatation et abaisse la pression artérielle pulmonaire. Il agit
efficacement contre le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) car il
favorise l’oxygénation du sang en améliorant les échanges gazeux dans les poumons.
NO permet ainsi, dans les cas de SDRA, de diminuer l’inhalation d’oxygène
pur, toxique pour les poumons.
Les effets du dioxyde d’azote
NO2.
Les effets pathologiques de NO2 ont été mis en évidence
dans des circonstances accidentelles de travail. Exposés à une concentration
de 10 mg de NO2 par m3, des travailleurs ont présenté
des troubles respiratoires très marqués mais transitoires ; ces troubles
disparaissent après arrêt de l’exposition. Pour une exposition prolongée à
des concentrations supérieures à 100 mg de NO2 par m3,
il se produit des irritations pulmonaires et une diminution persistante de la
fonction respiratoire.
Le cas de Los Angelès : par suite de conditions météorologiques
défavorables, il se produit souvent, en été, une pollution importante de «
smog oxydant ».
Ce smog est dû à des réactions photochimiques produites par le rayonnement
solaire sur les polluants de l’atmosphère. Cette pollution provoque une
irritation de l’appareil respiratoire mais les symptômes disparaissent lorsque
la pollution diminue sans laisser de séquelles. Quelle est la part due au NO2
dans la formation de ce smog ? Il est intéressant de considérer les
seuils d’alerte établis en Californie en 1963 pour les oxydes d’azote :
Un premier seuil pour 6 mg de
NO2 par m3
Un deuxième pour 10 mg/m3
(correspondant à une irritation des bronches)
Un troisième seuil à 20 mg/m3
(susceptible de causer des accidents graves) ces concentrations sont très
élevées et les valeurs maximales ont été fortement diminuées depuis lors.
L’EPA (Agence Américaine pour
la protection de l’environnement) fixe une concentration moyenne annuelle à
ne pas dépasser de 100 g de NO2 par m3
(notons que cette valeur n’est jamais atteinte en France). L’Etat de
Californie fixe la valeur maximale sur une heure à 900 g/m3.
En fait, aucune preuve n’a été
apportée sur la nocivité éventuelle de NO2, aux concentrations
présentes dans l’atmosphère. Des expositions de plusieurs heures à des concentrations
jusqu’à 6 mg de NO2 par m3 n’ont pas produit de
modifications sensibles de la fonction respiratoire ; sur des sujets en
bonne santé ou même, présentant des maladies pulmonaires.
L’enquête épidémiologique PAARC apporte une réponse instructive à la
question de l’effet du NO2 atmosphérique.
Dans cette enquête, la
concentration en NO2 varie de 12 à 61 g en moyenne annuelle et la
concentration en NO de 7 à 145 g/m3. L’analyse statistique
montre une corrélation positive entre la concentration en oxydes d’azote et
le volume expiré maximum par seconde (VEMS) La corrélation est établie aussi
bien pour NO que pour NO2. L’effet bénéfique sur le VEMS est plus
marqué pour les enfants que pour les adultes. Cette corrélation positive peut
sembler surprenante en ce qui concerne NO2 mais elle est étayée
par les expériences faites sur des cultures sur membranes de cellules
pulmonaires en atmosphères contrôlées.
Dans ces essais, on mesure la vitalité des cellules en fonction de la teneur
en NO2 du mélange air-NO2. La cytotoxicité de NO2
est bien mise en évidence pour de fortes concentrations en NO2.
La vitalité est diminuée à partir de 6 mg de NO2 par m3
mais elle est augmentée pour de faibles concentrations : augmentation de
10 à 30 % de la vitalité, selon les souches, pour 2 mg de NO2 par
m3 d’air. Il sera intéressant de développer de telles études,
(selon la méthode décrite par C. Voisin)
sur les effets des polluants de l’atmosphère.
En conclusion, nous sommes
amenés à considérer que les oxydes d’azote, aux concentrations présentes dans
l’atmosphère n’ont pas d’action pathogène sur la fonction respiratoire.
Cependant, en association avec
les autres polluants atmosphériques, il peut se produire, notamment sous
l’effet du rayonnement solaire, des réactions conduisant à des composés
secondaires en concentration suffisante pour avoir des effets indésirables.
L’OZONE.
La pollution par l’ozone
constitue un cas complexe qui, sur le plan médiatique est généralement
l’objet d’erreur, d’interprétation et, sur le plan scientifique, l’objet de
conclusions parfois contestables.
Généralement, la présence
d’ozone dans la troposphère est présentée comme une pollution nouvelle produite
par l’activité humaine et, plus spécialement, par la circulation automobile.
Or, la présence d’ozone dans la troposphère n’est pas un fait nouveau ;
l’ozone est un constituant naturel de l’atmosphère, de la troposphère comme
de la stratosphère.
Sur le plan de la santé, il
règne aussi une grande confusion sur les effets pathogènes de l’ozone. Lors
des périodes de pollution photo-oxydante (qui se produisent, en été, par
fortes chaleurs et ensoleil-lement et conditions météorologiques défavorables
pour la dispersion des polluants) les sensations désagréables ressenties par
la population sont attribuées à l’ozone alors que les symptômes correspondent
à d’autres polluants.
Mécanismes de formation de l’ozone.
Les mécanismes de formation sont très différents selon qu’il s’agisse
de l’ozone stratosphérique ou de l’ozone troposphérique.
L’ozone stratosphérique.
L’ozone (O3) est formé par action sur l’oxygène du rayonnement
ultraviolet de longueur d’onde inférieur à 240 nanomètres (nm) selon la
réaction de dissociation :
O2 O + O
O2
+ OO3
L’ozone est
décomposé par les radiations UV de longueur d’onde inférieure à 310 nm.
2O33O2
Il résulte des deux réactions
que les radiations solaires de longueurs d’ondes inférieures à 310 nm sont arrêtées dans la stratosphère et ne
parviennent donc pas dans la basse atmosphère.
La concentration en O3
de la stratosphère (appelée «
couche d’ozone »)
dépend des vitesses relatives de formation et de destruction. Cette
concentration n’a pas présenté de variations sensibles depuis une trentaine
d’années qu’elle est mesurée, à l’aide du spectrophotomètre Dobson. La concentration
moyenne en O3 est de 300 «
unités Dobson »,
ce qui correspond à une «
couche d’ozone »
de 3 mm d’épaisseur, calculée dans les conditions normales de température et
de pression.
La concentration en O3
de la stratosphère est bien plus grande que celle de la troposphère. On considère
qu’une partie de l’ozone présent dans la troposphère provient de la
stratosphère.
L’ozone troposphérique.
Comme les radiations solaires de longueurs d’onde inférieure à 240 nm
sont entièrement arrêtées dans la stratosphère, c’est par un mécanisme
différent que l’ozone se forme dans la troposphère. Cependant, le seul mécanisme
de formation de O3 est la réaction entre l’oxygène O2 et
l’atome d’oxygène O :
O2 + OO3
Dans la troposphère, l’atome
d’oxygène O ne peut guère provenir que de la photolyse du dioxyde d’azote NO2 :
NO2 NO + O
par action de radiations de longueurs d’onde inférieures à 400 nm.
Du fait de ces deux réactions,
on considère souvent que ce sont les oxydes d’azote qui sont la cause de
l’existence de fortes concentrations en ozone. Ce n’est que partiellement
exact.
En effet, la formation d’ozone
est limitée par la réaction entre NO et O3 :
NO + O3NO2 + O2
Pour que les oxydes d’azote puissent
former de fortes concentrations en ozone, il faut que le rapport des concentrations
soit très élevé, de l’ordre de 10, ce qui ne se
produit que très rarement. La formation de quantités importantes d’ozone
nécessite l’intervention des hydrocarbures et autres composés organiques volatiles
(COV), de la même façon que les COV interviennent dans l’oxydation de NO en
NO2, comme on l’a vu précédemment. Par la formation d’atomes
d’oxygène O, NO2 intervient comme initiateur de réactions radicalaires
en chaînes, selon un processus catalytique dans lequel NO2 et les
radicaux libres sont régénérés. Il s’ensuit qu’en présence de COV, il suffit
de faibles concentrations en NO2 pour qu’il y ait formation de
quantités importantes de O3. Comme la présence du monoxyde NO en
concentration notable limite la formation d’ozone, ce n’est pas dans les
lieux où la concentration en oxydes d’azote est importante que les teneurs en
ozone sont les plus grandes, comme nous le verrons dans les pages suivantes.
Parmi la multitude de réactions
possibles citées dans la littérature, nous indiquerons quelques réactions qui
interviennent dans le processus de la formation d’ozone :
1) formation de radicaux libres
R et OH à partir d’un atome
d’oxygène O, produit par la photolyse de NO2, par action sur un hydrocarbure
RH
RH + O R+ OH
2) réactions des radicaux libres avec
l’oxygène O2 avec formation de peroxydes HO2 ou RO2
R + O2 RO2
OH + RHR + H2O et R +O2RO2
Réaction avec l’oxyde de
carbone CO :
OH + COCO2 + H
H + O2HO2
3) Oxydation du monoxyde d’azote
NO :
NO + RO2NO2 + RO
NO + HO2NO2 + OH
avec régénération de NO2
et des radicaux libres.
Un autre mode de formation de
radicaux libres est l’oxydation d’hydrocarbures éthyléniques :
R - CH=CH - R + O22 RCHO
Il y a formation d’aldéhyde RCHO qui
peut être transformé selon les réactions suivantes
- par photo dissociation :
RCHOR + CHO
ou H + RCO
par réaction photochimique avec O2 :
RCHO + O2 RCOl
+ HO2l
L’oxydation du radical RO conduit aussi à la
formation d’aldéhyde :
RO + O2 R’CHO + HO2
Les aldéhydes, qui se forment aussi
par oxydation incomplète des hydrocarbures dans les foyers de combustion et
dans les moteurs, jouent un rôle notable dans la pollution photo-oxydante.
Les aldéhydes sont en effet des composées irritants pour les muqueuses de
l’appareil respiratoire et pour les yeux.
Concentrations moyennes en ozone en milieu naturel et en milieu urbain.
La concentration moyenne en O3 est nettement plus forte
dans le milieu naturel que dans l’atmosphère des villes. Dans celles-ci, la teneur
élevée de l’air en monoxyde d’azote (NO) limite la formation d’O3
comme indiqué précédemment selon la réaction :
NO + O3NO2 + O2
En milieu rural, la concentration en
oxydes d’azote, et particulièrement en NO, est bien plus faible qu’en milieu
urbain, cependant que les précurseurs de la formation d’ozone, les composés
organiques volatiles (COV) sont présents en concentration notable. Les COV
sont produits par les végétaux, notamment par les forêts. On estime que les
forêts françaises émettent environ 1 million de tonnes de COV par an, soit
autant que les émissions dues aux transports, voitures et camions. Notons que
les arbres produisent aussi directement de l’ozone au cours de la synthèse
chlorophyllienne.
Certains auteurs considèrent
que l’O3 présent en milieu rural n’est pas dû à des phénomènes naturels
mais provient de la pollution des villes transportée par les vents vers
l’espace rural. C’est sans doute parfois exact, pour les campagnes voisines
des villes mais les mesures effectuées en des lieux très éloignés de toute activité
humaine contredisent cette hypothèse. Ainsi, en plein Sahara, on trouve une
concentration moyenne de 60 g d’O3 par m3.
A la station forestière Duchesney, au Québec, des mesures effectuées lorsque
le vent vient des régions inhabitées ont donné une concentration moyenne annuelle
de 60 g/m3 avec des
valeurs fréquentes supérieures à 100 g. La concentration en O3
augmente avec l’altitude. A l’observatoire de la Jungfrau, dans les Alpes
Suisses, à 3 500 m d’altitude, on a mesuré des concentrations moyennes de 200
g d’O3 par m3
avec des pointes à 400 g/m3. A cette altitude, le
rayonnement solaire est particu-lièrement efficace et il est aussi
vraisemblable qu’une partie de l’ozone provient de la stratosphère.
En France, au 45ème parallèle
(ce qui correspond à la latitude de Bordeaux) la concentration naturelle varie,
selon les auteurs, en moyenne annuelle de 60 à 80 g d’O3 par m3,
avec une moyenne de 25 g en hiver et de 100 g en été.
Ces concentrations en ozone
sont nettement plus élevées qu’en milieu urbain. Nous avons calculé les
concentrations moyennes en ozone, pendant plusieurs années, dans 5 à 9 sites
ruraux et autant de sites urbains. Les résultats sont indiqués dans le
tableau n°5 :
Tableau n°5 :
Comparaison des concentrations moyennes en ozone entre sites ruraux et
sites urbains :
|
Concentrations
en ozone en g par m3 d’air
|
années
|
moyennes
annuelles
|
percentiles
98 (*)
|
|
sites ruraux
|
sites
urbains
|
sites ruraux
|
sites
urbains
|
1990
|
55
|
29.7
|
131
|
76
|
1991
|
55.1
|
21
|
134
|
77
|
1992
|
62.5
|
16
|
133
|
88
|
moyennes
|
57.5
|
22.2
|
132.7
|
80.3
|
(*) Le percentile 98 est la moyenne des concentrations horaires les
plus fortes pendant 2 % du temps soit pendant les 175 heures les plus
polluées dans l’année.
L’analyse statistique de ces
résultats donne une valeur de P comprise entre 0,05 et 0,01, ce qui signifie
que les différences observées sont significatives selon une probabilité
supérieure à 95 %. Autrement dit, il n’y a que 5 chances sur 100 que la
concentration en O3 en milieu urbain soit supérieure à la
concentration en milieu rural, aussi bien pour les moyennes annuelles que
pour les percentiles 98.
Ces données montrent bien que
la pollution par l’ozone n’est pas un fait nouveau qui serait créé par
l’automobile contrairement à l’idée répandue par les médias, télévision,
journaux et revues à grand tirage et aussi, plus surprenant, par un ouvrage
aussi sérieux que Encyclopédia Universalis où l’on peut lire : «
avec l’accroissement de la circulation automobile, une nouvelle pollution est
apparue, celle que provoque l’ozone troposphérique. »
Certes, l’automobile est
responsable d’émettre bien des polluants mais l’ozone est mal choisi pour caractériser
la pollution produite par les automobiles et ce n’est pas en se trompant de
cible que l’on pourra améliorer l’atmosphère des villes.
Les épisodes de pollution aiguë.
C’est en été, par température élevée et fort ensoleillement que
peuvent se produire des épisodes de forte pollution par l’ozone, dans
certaines conditions météorologiques, généralement anticycloniques, avec
absence de vent et inversion de température.
Ces épisodes sont généralement de courtes durées, de quelques heures mais,
exceptionnellement, peuvent durer pendant plusieurs jours. Ainsi, en septembre
1982, il y a eu sur toute l’Europe de l’Ouest, une situation anticyclonique
et les concentrations en ozone furent importantes dans bien des villes. A Roubaix, la teneur en ozone a été de 500
à 600 g/m3 pendant
plusieurs heures dans les journées des 15, 16 et 17 Septembre. Ceci remonte à
14 ans : les épisodes aigus de pollution oxydante ne sont pas un fait
nouveau. Ce n’est que relativement depuis peu de temps que des mesures
systématiques de l’ozone sont effectuées en France. En Californie, où la pollution
oxydante est particulièrement importante, les mesures de l’ozone sont faites
depuis plus de trente ans. A cette époque, des pointes de pollution, du même
ordre que celles observées à Roubaix en 1982, sont fréquemment observées, notamment
à Los Angelès, avec des maxima horaires atteignant 500 g/m3. En 1970, à
Pasadena (près de Los Angelès) des pointes horaires de 1 000 g de O3 par m3
ont été enregistrées.
A Paris, en Juillet et Août 1994, pendant plusieurs jours, la température
fut élevée (de 33 à 35° C) avec un fort ensoleillement et des conditions
météorologiques, anticycloniques, entraînant une stagnation des polluants
dans la basse atmosphère. Ceci a conduit à la formation de la pollution
oxydante. Le 12 Juillet, la concentration maximale horaire a été de 260 g d’O3 par m3.
Les malaises et désagréments ressentis par la population ne peuvent pas être uniquement
attribués à l’ozone. Les polluants accumulés du fait des conditions
météorologiques comprennent à des concentrations élevées, de l’oxyde de carbone,
du dioxyde d’azote, des hydrocarbures, précurseurs de l’ozone et de bien
d’autres composés oxydants, des radicaux libres très agressifs, des aldéhydes,
irritants pour les muqueuses du système respiratoire et pour les yeux. Parmi
les aldéhydes, citons particulièrement, le formaldéhyde (ou formol HCHO) et
l’acroléïne (ou aldéhyde acrylique : CH2 = CH - CHO). Ce
dernier qui a été utilisé comme gaz de combat pendant la première guerre
mondiale, est, notamment, lacrymogène, même pour de faibles concentrations
dans l’air.
Pendant les périodes estivales
de forte pollution, on attribue souvent à l’ozone des irritations des yeux,
des larmoiements, des picotements dans les yeux... C’est une erreur
d’interprétation, car l’ozone n’a pas d’effet lacrymogène ; ce sont
d’autres composés issus de la photo-oxydation qui en sont responsables.
L’ozone doit être considéré comme simplement un indicateur du niveau de la
pollution photo-oxydante. Les épisodes de forte pollution photo-oxydante ne
se produisent pas seulement dans les villes mais aussi en milieu rural.
Ainsi, à Plan d’Aups, en Provence, dans la chaîne de la Sainte-Baume, à 700 m
d’altitude, ou a mesuré, en 1991 une teneur maximale horaire de 260 g d’ozone. A Aubure, dans
les Vosges, à 1100 m d’altitudes, la teneur maximale horaire a été de 220 g en 1991 et 1992. En
plaine, à Brotonne, près de l’embouchure de la Seine, ces mêmes valeurs de
220 g ont été observées en 1991
et 1992...
Y a-t-il une augmentation de la fréquence des épisodes de forte
pollution photo-oxydante ? Les spécialistes de la météorologie
pour-raient répondre à cette question, car cela est lié à la fréquence des épisodes
de situation anticyclonique. Nous pensons qu’il y a lieu de prévoir une
augmentation de cette fréquence avec les modifications climatiques dues à
l’accroissement de l’effet de serre.
Ozone et santé.
L’ozone est un oxydant
puissant capable d’attaquer les tissus des voies respiratoires en provoquant
des réactions inflammatoires.
Les effets de l’ozone ont été
étudiés sur des volontaires en bonne santé exposés à une atmosphère contenant
des teneurs définies en O3. Par une exposition à forte teneur en O3
— 1000 g/m3 — et par une
exposition prolongée (6 heures) à 200 g, il y a inflammation des
voies respiratoires supérieures et inférieures avec diminution de la fonction
respiratoire. Ces effets sont transitoires et disparaissent au bout d’une
douzaine d’heures après l’exposition.
Les effets sont très variables
suivant les individus. Chez certains, l’ozone provoque même une augmentation
de la fonction respiratoire. Ainsi, pour un ensemble de volontaires exposés
pendant 6 heures à une concentration de 160 g d’O3 par m3,
on constate une variation du VEMS (Volume Expiré Maximum par Seconde) de +4%
à ‑38%, ce qui laisse supposer une différence dans l’efficacité des défenses
immunitaires (cela sera développé dans les pages suivantes) suivant les individus.
Des individus exposés quotidiennement à des concentrations de l’ordre
de 1000 g d’O3, présentent,
au bout de 4 à 5 jours un phénomène d’adaptation : les effets de l’ozone
sur les fonctions respiratoires disparaissent. Cette adaptation disparaît au
bout de 2 à 3 semaines.
Il y a, selon toutes probabilités, une mobilisation, une augmentation
des défenses immunitaires en fonction du niveau de l’agression, mais avec un
certain retard. Il semble donc que l’organisme est surtout sensible aux variations
de concentration en ozone, de même que l’appareil respiratoire est sensible
aux variations brutales de température (d’où l’expression «
prendre un coup de froid »
qui diminue l’efficacité du système de défense et permet le développement de
germes pathogènes, virus ou bactéries).
Les études épidémiologiques
.
Elles sont très complexes et généralement très insuffisantes pour être
significatives. Comme nous l’avons déjà écrit, l’ozone est un indicateur de
la pollution photo-oxydante. Il faudrait tenir compte de tous les autres polluants
qui s’accumulent lors des épisodes de pollution aiguë liés aux conditions
météorologiques qui interviennent aussi dans les effets sur la santé :
ainsi, à Athènes, lors d’une situation anticyclonique où la concentration en
O3 atteignant des valeurs élevées, c’est la température (40°C) qui
est apparue comme la principale responsable de l’augmentation des
hospitalisations et des décès pendant cette période (Athènes est une ville
particulièrement polluée par O3, SO2, fumées noires,
etc...En valeurs moyennes, les teneurs en O3 et en SO2
sont 7 à 8 fois celle de Paris).
Les auteurs d’études épidémiologiques effectuées à New-York et à Los
Angeles, ont conclu à une
augmentation de 0.3 décès par jour pour 100 g d’O3 par
million d’habitants. Comme les concentrations horaires maximales étaient de
400 g d’O3 par m3
pendant les périodes considérées pour l’étude, il y aurait donc 1.2 décès
supplémentaires par jour, soit une augmentation de 4.5% par rapport au taux
de mortalité aux USA (9.4% par an soit 25.8 décès par jour pour 1 million
d’habitants). Cette faible augmentation du nombre de décès attribué à l’ozone
n’est pas significative compte tenu de tous les facteurs de confusion
(conditions météorologiques, chaleur, humidité et ensemble des polluants).
En ce qui concerne les effets de l’ozone à long terme, il n’y a guère
eu d’études épidémiologiques pour lesquelles les facteurs de confusion
seraient encore plus importants que pour les épisodes de forte pollution. Si
les effets de l’ozone seul, sur la santé, étaient très marqués, ce serait en
milieu rural que ces effets seraient les plus importants, car c’est en milieu
rural que la concentration moyenne et le percentile 98 sont les plus élevés
et aussi pendant un nombre d’heures plus grand. En effet, en milieu rural, la
concentration en O3 ne diminue sensiblement pas après le coucher
du soleil, contrairement à ce qu’il en est en milieu urbain où la
concentration en O3 diminue rapidement quand il n’y a plus
d’ensoleillement, du fait de la destruction de l’ozone par le monoxyde
d’azote (NO) émis par la circulation automobile.
On peut, du
reste, poser la question : l’ozone est-il un polluant, stricto sensu,
puisqu’il se forme naturellement, indépendamment des activités humaines ?
Les défenses
immunitaires.
L’action de l’ozone sur les tissus
du système respiratoire a pour conséquence la formation de peroxydes-peroxyde
d’hydrogène, H2O2-peroxydes organiques dont, notamment,
des peroxydes lipidiques par oxydation des lipides constituants les membranes
cellulaires. Ces peroxydes, et notamment H2O2,
conduisent à la formation de radicaux libres, dont les radicaux hydroxyles HO, très toxiques pour les
cellules.
Le système respiratoire possède
des défenses très efficaces contre les oxydants. En effet, il se forme constamment,
dans le processus respiratoire, des peroxydes et des radicaux libres. Dans ce
processus, l’oxygène, nécessaire à la respiration, est réduit par action des
oxydases (la cytochrome oxydase, une enzyme à base de cuivre) qui conduit à
la formation d’eau (H2O) mais il se forme aussi de petites
quantités de peroxyde d’hydrogène (H2O2). Ce peroxyde
est normalement détruit par la catalase (une enzyme à base de fer). Soulignons
que pour les bactéries anaérobies strictes, l’oxygène est très toxique, car
ces bactéries sont dépourvues de catalase. Les peroxydes organiques sont
également détruits par les peroxydases et par l’action des antioxydants
apportés par l’alimentation : l’acide ascorbique (vitamine C) et les
tocophérols (vitamine E). Parmi les enzymes qui interviennent dans le système
de défense, citons les superoxydes-dismutases (SOD), enzymes à base de
cuivre, de zinc ou de manganèse, et, particulièrement la
sélénio-glutathion-peroxydase, enzyme à base de sélénium.
L’appareil respiratoire possède ainsi un système de défense très
efficace contre les peroxydes formés dans le métabolisme et aussi contre les
oxydants dont l’ozone. Cependant, l’organisme peut être affaibli par des
carences alimentaires en vitamines C et E et aussi par des carences en
oligo-éléments — les éléments traces nécessaires à la formation des peroxydases :
Fer, Cuivre, Manganèse, Sélénium. Le fer, le zinc, le sélénium font souvent
l’objet de carences ou de sub-carences dans la population française et ceci
peut contribuer à diminuer la résistance aux effets de l’ozone et des autres
oxydants présents dans l’atmosphère.
Recommandations et
réglementation.
Pour la protection de la santé publique, l’OMS estime que, pour une
durée de 1 heure, la concentration en ozone ne doit pas dépasser 200 g par m3 et, pour
une durée de 8 heures, 100 à 120 g. Remarquons que dans cette
affaire d’ozone, l’OMS ne s’engage guère, car ces concentrations sont celles
que l’on trouve souvent, en été dans l’air « naturel
»,
et même parfois dépassés...
La directive CEE n° 92/72 du 13
Octobre 1992 est une copie de la réglementation allemande de 1990. Elle
donne, comme concentration à ne pas dépasser, en valeur moyenne sur 8 heures,
110 g d’O3. Si la
teneur en O3 atteint 180 g pour une période de 1
heure, il y a obligation d’informer la population et de conseiller de prendre
des précautions : le séjour en plein air est déconseillé ; les
efforts physiques intenses ou de longue durée doivent être évités.
Si la teneur dépasse 360 g d’O3 sur une
heure, il faut «
alerter la population ».
Ce dispositif «
d’alerte à la population »
ne nous semble guère raisonnable, à moins de prévoir des mesures complémentaires,
par exemple (pourquoi pas ?) la distribution de masques à gaz (comme en
39-40 !). Un tel système «
d’alerte »
risque fort d’avoir, sur les personnes normalement angoissées, des effets
psycho-physiologiques plus néfastes que l’ozone...
REMARQUE :
Le
gouvernement français projette de prendre des mesures d’interdiction de la
circulation automobile en ville lorsque la concentration en ozone atteint une
certaine valeur. Une telle mesure peut avoir une certaine efficacité si
toutes émissions de polluants — automobiles et autres sources — sont arrêtées
avant que ne s’installe une situation météorologique défavorable pour la
dispersion des polluants. Sans cela, la pollution par les précurseurs de
l’ozone (hydrocarbures et autres COV, oxyde de carbone, dioxyde d’azote)
étant déjà en place, la concentration en ozone risque fort d’être augmentée,
du fait de l’arrêt des émissions de monoxyde d’azote, (produites par les automobiles).
Le monoxyde d’azote, en effet réagit avec l’ozone et le détruit. L’avantage serait,
cependant, qu’il n’y aurait pas augmentation des polluants autres que
l’ozone.
En
compensation de l’interdiction de circulation, le gouvernement prévoit la gratuité
des transports urbains...
Ceci
appelle quelques commentaires :
1)
Dans bien des villes et particulièrement à Paris, les transports urbains
(trains de banlieue, métro, autobus — si l’interdiction ne frappe pas aussi
les autobus ?) seraient sursaturés — d’où gêne supplémentaire pour les
usagers, particulièrement par forte chaleur comme c’est généralement le cas
quand il y a une forte pollution par l’ozone.
2)
La gratuité des transports n’apporte rien aux usagers habituels disposant
d’un abonnement à la semaine ou au mois (carte orange par exemple)
3)
Pour dédommager de la perte de recette les compagnies de transport urbain,
l’Etat ajouterait une taxe supplémentaire sur l’essence. Gageons que le
revenu de cette taxe supplémentaire serait plusieurs fois supérieure au coût
du dédommagement des compagnies de transport urbain. Soulignons ce
paradoxe : les automobilistes frappés d’interdiction de circuler
subiraient, en plus, une augmentation du prix de l’essence (le ticket de
métro ou de bus «
gratuit » risque de leur coûter
cher !)
Nous
ferons une remarque particulière sur le problème des taxes ajoutées à tel ou
tel produit pour la «
protection de la santé »,
la « défense
de l’environnement »...
Taxes sur les déchets... Taxes d’assainissement, qui font plus que doubler
les factures d’eau etc... Quelque
justifiées qu’elles puissent paraître, ces taxes augmentent les prix à la
consommation et frappent d’autant plus les consommateurs les moins fortunés.
Ces taxes contribuent à augmenter les inégalités.
Au
cours d’une réunion à laquelle participait l’auteur de ces lignes, une
journaliste de la télévision, vitupérant contre la pollution automobile,
déclarait « qu’il fallait porter
les taxes sur les carburants à un niveau très élevé, à un niveau tel qu’il
soit dissuasif pour utiliser sa voiture ».
Dissuasif pour qui ? Pour ceux dont les revenus sont les plus faibles
bien évidemment...
Pour
résoudre les problèmes d’environnement, il y a d’autres moyens que les taxes
qui sont des ponctions inégalitaires sur les citoyens.
Les
«
défenseurs de l’environnement »
sont souvent partisans du principe «
pollueur-payeur ».
Mais songent-ils que toute taxe prise selon ce principe se retrouve, quasi
nécessairement dans les prix à la consommation ? Songent-ils toujours
aux répercussions sur le plan social que peut avoir telle mesure proposée
aussi louables que puissent être les intentions ?
Nous
terminerons par cette citation du célèbre toxicologue, le Professeur Truhaut : «
...Il convient de tempérer les exigences par-fois outrancières des
hygiénistes et des toxicologues par une appréciation des conséquences
sociales et économiques néfastes qui pourraient résulter d’attitudes trop rigides...
»
C’était, il y a 30 ans, l’économie était en expansion et le taux de chômage
quasiment nul !
Les composés organiques volatiles (COV).
Les COV présents dans
l’atmosphère comprennent des centaines de composés différents : des hydrocarbures
(principalement du méthane), des aldéhydes, des cétones, des esters, etc...
Sur le plan mondial, on estime
que les émissions naturelles, produites par le métabolisme et par la décomposition
des végétaux sont, environ, 5 fois les émissions dues à l’activité humaine.
En France, les émissions anthropogéniques sont de l’ordre de 1,8 million de
tonnes par an, dont environ la moitié est due aux transports, principalement
aux véhicules à essence. Les émissions produites par les forêts sont évaluées
à 1 million de tonnes.
Les émissions anthropogéniques sont très inégalement réparties. Elles
sont importantes dans certains sites industriels et dans les villes, par
suite de la circulation automobile. C’est dans ces sites et en centre ville
que les concentrations atmosphériques en COV sont les plus importantes. Dans
les villes, la concentration moyenne annuelle est de 1 à 3 mg de COV par m3.
Les valeurs maximales pour 1 heure sont généralement comprises entre 5 et 10
mg sur certains sites industriels (à Carling, Petite-Couronne...) le maximum
horaire dépasse parfois 15 et 20 mg par m3.
Les composés organiques présents
dans l’atmosphère ont des effets très différents sur la santé. Le méthane,
aux concentrations présentes, est sans effet, de même qu’il n’intervient
guère dans les réactions photochimiques (citées au chapitre ozone). Aussi,
conviendrait-il de mesurer non pas les hydrocarbures mais les composés non
méthaniques (HCNM). La mesure des HCNM est délicate et il n’existe pas encore
d’appareils automatiques permettant le dosage en continu des HCNM.
Certains composés sont très
nocifs, irritants des tissus de l’appareil respiratoire, particulièrement les
aldéhydes cités par ordre croissant de nocivité :
· aldéhyde éthylénique (CH3 CHO)
· aldéhyde formique (HCHO) ou formol
· aldéhyde acroléïque (CH2 = CH-CHO) ou
acroléïne.
Il est à noter que les
additifs oxygénés de l’essence — méthanol-éthanol — MTBE (Methyl tertio
butyl-éther) augmentent les quantités d’aldéhydes émises lors de la
combustion.
Les aldéhydes se forment aussi
par réactions photochimique.
Les COV sont surtout gênants,
particulièrement les hydrocarbures éhyléniques et aromatiques, par leur action
dans la formation de la pollution photo-oxydante sous l’effet du rayonnement
solaire (voir le chapitre ozone)
L’oxyde de carbone.
Les émissions naturelles
d’oxyde de carbone (CO) sont très importantes, produites par les végétaux supérieurs,
les algues, le plancton, etc... Il se forme également de l’oxyde de carbone
dans la respiration humaine.
Les émissions naturelles sont
environ dix fois les émissions dues à l’activité humaine. Comme elles sont réparties
sur l’ensemble de la planète, la concentration moyenne «
naturelle »
est de l’ordre de 0,1 mg par m3 d’air. L’équilibre est maintenu
par l’absorption très active des micro-organismes du sol.
Les émissions anthropogéniques
sont principalement dues aux combustions de matières carbonées : charbon,
bois, hydrocarbures. Lors des combustions, il se forme d’abord exclusivement
du CO, lorsque la température est supérieure à 1 000 °C, puis le CO s’oxyde
en CO2 si les gaz contiennent suffisamment d’oxygène et ne sont
pas trop rapidement refroidies.
Les cas d’intoxication mortels
par CO ont fortement diminué depuis l’abandon du chauffage à l’aide des
poêles à charbon. De telles intoxications existent encore, notamment
produites par la combustion de «
gaz naturel »
lorsque la flamme est refroidie brusquement : c’est le cas des
chauffe-eau à gaz non raccordés à un tuyau d’évacuation extérieure.
Les effets du CO sur la
santé.
L’oxyde de carbone pénètre aisément dans les alvéoles pulmonaires et
se combine à l’hémoglobine beaucoup plus rapidement que ne le fait l’oxygène.
Il se forme du carboxyhémoglobine, complexe stable, qui n’assure pas le
transport d’oxygène nécessaire à la vie des cellules : le système
nerveux est particulièrement affecté, car il est très sensible à la privation
d’oxygène. L’inhalation de CO entraîne des maux de tête, des vertiges et des
troubles sensoriels, particulièrement une diminution de l’acuité visuelle.
Ces symptômes sont dus à la privation d’oxygène. Un autre effet du CO, dû à
des modifications biochimiques, est le dépôt de cholestérol sur les artères,
produisant des troubles cardio-vasculaires.
La mort survient par anoxie
(manque d’oxygène) lorsque le taux de carboxyhémoglobine du sang atteint 65 %
de l’hémoglobine initiale. Ceci est obtenu par exposition pendant plusieurs
heures à une atmosphère contenant 1 500 mg de CO par m3 d’air.
Les émissions
anthropogéniques.
En France, les émissions de CO sont en légère diminution depuis
quelques années comme le montre le tableau n°6
Tableau n°6 :
Années
|
1982
|
1986
|
1990
|
1992
|
émissions
de CO en millions de tonnes par an
|
8,7
|
8,0
|
7,6
|
7,6
|
En 10 ans, les émissions de CO ont donc diminué de près de 13 %.
Ceci est obtenu malgré une augmentation de la circulation automobile, grâce
aux perfectionnements apportés aux moteurs
Les émissions de CO sont en
effet, produites, principalement, par les véhicules à essences. C’est donc en
centre ville et près des artères à grande circulation que les concentrations
atmosphériques en CO sont les plus importantes.
Normes de qualité de l’air.
Il n’y a pas de directive de la CEE sur les concentrations en CO.
L’OMS indique comme concentrations admissibles les valeurs suivantes :
· 100 mg par m3 pour une durée de 15
minutes
· 60 mg par m3 pour une durée de 30
minutes
· 30 mg par m3 pour une durée de 1 heure
· 10 mg par m3 pour une durée de 8 heures
Les concentrations
atmosphériques en CO.
Il n’y a, en France, que 34 postes de mesures automatiques du CO,
répartis dans 20 villes. Les teneurs mesurées dépendent beaucoup du lieu
d’implantation et il est difficile de définir, pour une ville, une concentration
moyenne à laquelle serait exposé l’ensemble de la population. CO est un gaz
légèrement plus léger que l’air, très fluide, qui diffuse rapidement dans
l’atmosphère.
Comme les postes de mesure sont
généralement placés aux endroits les plus exposés à la pollution, les valeurs
relevées représentent des maxima, auxquels se trouvent cependant exposées
certaines catégories de population dont les automobilistes, conducteurs de
bus, etc...
A titre indicatif, nous
indiquerons quelques résultats de mesure et l’évolution des teneurs en CO au
cours du temps.
Tableau n°7 :
Concentrations moyennes
annuelles en CO dans quelques villes, en mg par m3 d’air :
|
Année
1990
|
Année
1991
|
Grenoble
|
3 mg/m3
|
2,3
|
Lyon
(Brotteaux)
|
5,8
|
4,6
|
Bordeaux
|
4
|
4,1
|
Paris(Champs-Elysées)
|
3,4
|
4,3
|
Montpellier
|
1,6
|
1,8
|
Strasbourg
|
2,5
|
2,5
|
La Rochelle
|
5,2
|
2,8
|
Il y a peu d’évolution, les
différences provenant vraisemblablement des variations des conditions météorologiques
entre 1990 et 1991. Par contre, l’évolution est très nette sur une plus
longue période
A Paris (14ème) la
place Victor Basch, située au carrefour de six artères à grande circulation,
est un lieu particulièrement pollué.
Tableau n°8 :
Evolution des teneurs en CO en fonction des années. Place V. Basch à
Paris. Concentrations moyennes annuelles en mg de CO par m3 d’air.
Années
|
1965
|
1972
|
1978
|
1986
|
1991
|
CO (mg/m3)
|
28
|
23
|
17,5
|
15,4
|
7,6
|
Le poste de mesure du
Rond-Point des Champs Elysées, bien moins pollué que la place Victor Basch,
indique aussi une évolution favorable.
Tableau n° 9 :
Evolution des concentrations moyennes annuelles à Paris, Rond-Point
des Champs-Elysées.
Années
|
1978
|
1986
|
1990
|
1991
|
CO (mg/m3)
|
7,8
|
5,5
|
3,5
|
4,3
|
Le cas de Clermont-Ferrand est
particulièrement intéressant.
En 1978, on obtenait pour les
10 postes de mesure, une moyenne annuelle de 30,7 mg de CO par m3.
L’un des postes indiquait une valeur de 55,7 mg. On notait aussi un maximum
journalier de 325 mg pour l’un des postes, 300 mg pour un autre poste...
En 1991, la moyenne annuelle
pour le centre de Clermont n’est plus que de 2 mg par m3, le
maximum horaire étant de 26 mg.
On voit donc qu’il y a eu, au
cours des décennies, une diminution importante de la pollution urbaine par
l’oxyde de carbone. Il y a cependant des pointes de pollution dépassant la
valeur recommandée par l’OMS de 30 mg/m3 en moyenne horaire.
Ainsi, en 1991, on note une
concentration horaire de 32 mg au poste des Champs-Elysées, de 43 mg à
Marseille et même de 65 mg à Lyon.
Des efforts sont à poursuivre.
L’oxyde de carbone est aussi un précurseur de la pollution photo-oxydante
mais c’est surtout, avec le SO2, un polluant majeur de
l’atmosphère urbaine.
Pour réduire les émissions de
CO, il nous semble que le pot catalytique «
trois voies »
ne serait pas la meilleure solution. Ce sys-tème nécessite des équipements
coûteux (notamment pompe d’injection à commande électronique) et de fréquents
réglages. Surtout, il semble mal adapté pour la ville, car ce n’est qu’au
bout de plusieurs kilomètres que la température atteinte est suffisante pour
le bon fonctionnement du système catalytique. Un pot d’oxydation catalytique
fonctionnant à basse température serait plus efficace pour diminuer les imbrûlés
de la combustion, oxyde de carbone, hydrocarbures et autres COV (à condition
de ne pas se focaliser sur les oxydes d’azote, dont les émissions peuvent
être diminuées par d’autres méthodes que le catalyseur trois voies).
EN CONCLUSION :
Ces pages donnent un aperçu du problème complexe qu’est la pollution
de l’air. Elles montrent cependant que de grands progrès ont été faits dans
l’amélioration de la qualité de l’air et qu’il en reste à faire. Si la situation
des grandes villes françaises — dont Paris — est comparable à celle des
métropoles des pays développés (New York, Londres, Tokyo...) il n’en est pas
de même des grandes métropoles des pays en voie de développement (Mexico, Le
Caire, São Paulo...) où il y a, effectivement, une pollution grandissante du
même ordre que ce qui existait, il y a une trentaine d’années, dans les pays
industrialisés.
A titre de comparaison, le
tableau n° 10 indique les concentrations en quelques polluants à Paris et à
Mexico (année 1991).
Tableau n° 10
|
Moyennes
annuelles en µg par m3
|
|
Ozone
|
SO2
|
Fumées noires
|
Paris
|
15
|
25
|
35
|
Mexico
|
120
|
170
|
90
|
Les concentrations actuelles à
Mexico en SO2 et fumées noires étaient les mêmes à Paris en 1965.
Les polluants de l’atmosphère,
produisant des irritations des voies respiratoires ou des dysfonctionnements
physiologiques (comme le CO) ont comme conséquence de diminuer les défenses
naturelles et de favoriser les attaques et le développement des
micro-organismes pathogène. Les concentrations humaines des agglomérations facilitent,,
évidemment, la propagation et la transmission de ces pathogènes,
particulièrement dans les lieux publics (notamment dans les transports urbains)
insuffisamment ventilés. Certaines conditions météorologiques (humidité,
brouillard, stagnation de l’atmosphère) favorisent aussi la concentration et
la survie des germes dans l’atmosphère.
LE RADON.
Le Radon n’est pas stricto
sensu, un polluant car il existe naturellement dans l’atmosphère et, depuis
toujours, les hommes l’ont respiré.
Le Radon (masse atomique 222)
est produit par la désintégration du Radium 226 dont la quantité présente
dans l’écorce terrestre est évaluée à 30 millions de tonnes.
Le Radium 226, dont la période
est de 1622 ans, n’existerait plus depuis longtemps s’il n’était pas produit
en permanence par la désintégration de l’Uranium 238.
Le Radium est inégalement réparti dans les
différents constituants du sol. Les roches dont le granit, en contiennent
davantage que les sols sédimentaires. La période du Radon est courte (3,8
jours) ; le Radon ne s’accumule donc pas dans l’atmosphère. La
concentration en Radon est plus élevée au niveau du sol et diminue avec
l’altitude.
La radioactivité de
l’atmosphère est due, essentiellement, au Radon, émetteur de haute énergie :
5,49 Mev La teneur en Radon est
mesurée d’après la radioactivité ; généralement exprimée en Becquerel
(Bq) par m3 d’air (Le Bqreprésente
une désintégration atomique par seconde.)
La concentration moyenne
atmosphérique est estimée à 13 bq par m3 avec d’importantes variations
suivant les régions en fonction de la teneur du sol en Uranium. Pour une même
région, il y a des variations momentanées de concentration en fonction des
conditions météorologiques. Les doses de radiations reçues par les habitants
d’un même lieu seront aussi très différentes selon les conditions
d’habitation. En effet, le Radon étant émis par le sol, la teneur dans les
habitations est plus élevée aux rez-de-chaussée que dans les étages et elle
est variable en fonction de l’efficacité de la ventilation.
En outre, certains matériaux
comme le granit, émettent aussi du Radon. Le niveau moyen de radiations auquel
une population est exposée est difficile à déterminer. On peut cependant
estimer, pour des études statistiques que le niveau moyen d’exposition est
fonction de la teneur en Radon de la région considérée.
Sauf pour les travailleurs
professionnellement exposés, les doses de radiations reçues par la population
proviennent essentiellement des sources naturelles. La dose moyenne reçue par
année est estimée à 200 millirems (mrem) dont environ la moitié est due au
Radon. En France, cette dose moyenne varie de plus ou moins 100 mrems suivant
les régions.
Une campagne de mesures a été
faite récemment dans des habitations de 46 départements. La moyenne par habitant de ces départements
est de 61 Bq par m3 d’air. Les valeurs moyennes sont très différentes
selon les départements ; par exemple, elle est de 30 Bq par m3
dans les Yvelines et de 238 Bq par m3 dans la Haute-Vienne où une
valeur maximale de 4 787 Bq par m3 a été enregistrée.
Le risque cancérogène.
L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que la valeur-guide
pour la qualité de l’air est une concentration nulle en Radon. Ceci est
déterminé à partir des cas de cancers broncho-pulmonaires, en excès par
rapport à la moyenne générale, constatés chez les mineurs d’uranium, exposés
à de fortes concentrations en Radon pendant de longues années. A partir de ce
fait, l’OMS extrapole aux faibles doses de radiations selon une relation
linéaire, ce qui veut dire que le risque de cancer dû au Radon ne serait nul
que pour une concentration nulle.
Cette conception émane du principe Delaney , (que le sénateur américain
Delaney fit adopter par le Congrès) établissant une relation linéaire entre
dose et effet toxique. Ce principe est irréaliste car non seulement il ne
tient pas compte de l’existence des défenses immunitaires qui protègent
l’organisme de l’effet des éléments indésirables, jusqu’à une certaine dose
mais encore il ignore l’existence et le rôle des oligo-éléments, des éléments-traces
qui sont indispensables à la vie bien que très toxiques à fortes doses comme
le cuivre, le chrome, le cobalt, le sélénium etc... Prenons le cas du
sélénium, élément plus toxique que l’arsenic, dont la dose létale 50 (DL50)
est de 500 mg. Le sélénium forme, avec le glutathion, la sélénio-glutathion
peroxydase qui joue un rôle très important dans la protection des tissus (notamment
pulmonaires) contre les peroxydes et les radicaux libres qui sont très
toxiques pour les cellules et se forment constamment dans les processus
métaboliques. Un exemple caractéristique des effets de carence en sélénium
est la maladie de Keshan , une province de Chine où
il y avait un taux très élevé de cardiomyopathie en l’état endémique :
cette maladie disparut en supplémentant l’alimentation en sélénium. Tout ceci
pour montrer que si le sélénium est mortel à forte dose, la dose zéro est
également mortelle. Mais qu’en est-il des radiations ?
Le cas des radiations
ultraviolettes du soleil met en évidence la conception erronée du principe Delaney . Il est bien connu que des
expositions prolongées et répétées aux radiations UV entraînent, au bout d’un
temps plus ou moins long, des cancers de la peau. Mais par une exposition
modérée, à faible dose, les radiations UV, par action sur les stérols des cellules
de la peau, engendrent la formation de la vitamine D, antirachitique.
De fortes expositions au Radon
entraînent une augmentation de la fréquence des cancers broncho-pulmonaires mais,
à l’exemple de l’effet des UV, de faibles irradiations dues au Radon,
n’auraient-elles pas un effet bénéfique sur l’organisme ?
Les effets des faibles doses
de Radon.
Il s’agit des faibles concentrations en Radon présentes dans les
habitations auxquelles est exposée la population et non les doses élevées
auxquelles furent autrefois exposés les travailleurs des mines d’Uranium. J.
Pradel, Président de la Société Française de Radio-protection (SFRP)
déclarait : l’homme depuis sa naissance
vit dans un nuage de Radon émanant du sol sans qu’aucun effet sanitaire
direct n’ait encore été mis en évidence, sauf pour quelques populations de
mineurs d’Uranium...
Selon A. Renoux : ... l’impact sanitaire réel
du Radon dans les habitations n’a pas été mis en évidence de façon
certaine...
En vérité, s’il y avait une
relation linéaire entre les doses de Radon et la fréquence des cancers
broncho-pulmonaires, selon les conceptions de l’OMS et de l’EPA (Agence Américaine de Protection de
l’Environnement) cela se verrait, compte tenu des différences des teneurs en
Radon selon les départements (par exemple, il y a huit fois plus de Radon
dans la Haute-Vienne que dans les Yvelines) et ceci malgré les imperfections
des analyses statistiques géographiques.
C’est le contraire que l’on
observe. Selon M. Tirmarche, les régions françaises à forte
radioactivité naturelle (Bretagne, Massif Central) présentent une mortalité
par cancer du poumon inférieure à celle de la population nationale.
Cette observation est
remarquablement confirmée par l’étude épidémiologique faite par B.L. Cohen
(université de Pittsburg : USA).
L’étude établit nettement une corrélation négative entre la concentration en
Radon dans les habitations et le taux de mortalité par cancers
broncho-pulmonaires. Autrement dit, plus la concentration en Radon est élevée
et moins est grand le taux de mortalité par cancer. Dans cette étude, la
concentration en Radon varie de 1 pCi/L (37Bq/m3) à 7pCi/L (260
Bq/m3). Les principaux résultats sont résumés dans le tableau suivant :
concentration
|
Taux
de mortalité (*)
|
en Radon
|
Hommes
|
Femmes
|
37 Bq/m3
|
63
|
15
|
260 Bq/m3
|
35
|
7
|
(*) Nombre de décès par cancers du poumon par an pour 100 000 habitants.
Les radiations ionisantes,
émises par le Radon produisent, par action sur les cellules, des peroxydes et
des radicaux libres qui se forment aussi constamment dans le processus
respiratoire.
L’effet bénéfique mis en
évidence dans l’étude de B.L. Cohen peut s’expliquer par une augmentation des
défenses immunitaires (peroxydases notamment) qui détruisent les peroxydes,
une mobilisation des défenses sous l’action des radiations. Bruce Ames,
spécialiste de notoriété mondiale de la cancérogenèse a constaté que des cellules
humaines cultivées in vitro résistaient mieux à de fortes radiations après
exposition à des doses faibles qui
produiraient donc une adaptation aux radiations des défenses naturelles des
cellules.
Une autre explication de
l’effet du Radon peut-être envisagée, une explication qui s’ajouterait à
celle de l’adaptation des défenses naturelles. On sait que les cellules
cancéreuses sont très sensibles aux radiations ionisantes : c’est la
base de la curiethérapie : les cancers pulmonaires peut-être détruits
par irradiation à l’aide de rayons..
Ne peut-on penser que les
radiations du Radon, présent dans les bronches et les alvéoles pulmonaires, seraient
capables de détruire les cellules cancéreuses dès leur formation ? Des
cellules cancéreuses se forment constamment dans le processus respiratoire et
sont norma-lement éliminées par phagocytose (sauf en cas de déficience des défenses
immunitaires)
M. Dousset apporte un éclairage intéressant sur
les effets du Radon. Dans cette étude, mentionnée par A. Renoux, il conjugue
les effets du tabac et les effets du Radon sur la fréquence des décès par
cancer broncho-pulmonaires. On connaît les effets cancérogènes du tabac. Si
le Radon, aux concentrations présentes dans les habitations, avait un effet
cancérogène, il devrait y avoir un phénomène de synergie, additive ou
multiplicatrice, produisant une augmentation notable du taux de décès en
fonction de la concentration en Radon. M. Dousset indique, d’une part, les
taux de mortalité par cancers broncho-pulmonaires par départements et,
d’autre part, la vente de tabac par la SEITA, par département. La vente de
tabac est exprimée en grammes par habitant par département et par an.
Les départements peuvent être
classés en trois catégories :
a) Les départements à forte
concentration industrielle où les taux de mortalité, à consommation égale de
tabac, sont nettement plus élevés que dans les autres départements
b) Les départements à faible
teneur en Radon
c) Les départements à forte
teneur en Radon.
Nous avons effectué, à partir
des valeurs indiquées par M. Dousset, une analyse statistique des effets du
tabac et du Radon (en excluant le groupe a ).
Les résultats montrent très
nettement l’effet du tabac. Il y a une augmentation significative du taux de
mortalité en fonction des quantités de tabac consommées.
Pour évaluer les effets du
Radon, nous avons pris en compte les départements où les consommations de tabac
sont comprises entre 1 200 et 1 500 g de tabac par habitant et par an
afin que les moyennes de consommations soient identiques entre les deux
groupes b et c.
Le groupe b comprend
trente-deux départements.
Le groupe c comprend dix
départements des régions à forte teneur en Radon : Bretagne, Auvergne,
Limousin.
Les résultats sont indiqués
dans le tableau suivant :
|
groupe b
|
groupe c
|
consommation
moyenne de tabac(*)
|
1972
|
1974
|
Taux de
décès (**)
|
0,833
|
0,698
|
(*) consommation en g de tabac par habitant et par an. Moyennes pour
l’ensemble des départements considérés
Les deux valeurs moyennes ne sont pas significativement distinctes
(P0,90)
(**) taux comparatifs de mortalité chez les hommes par cancers broncho-pulmonaires
Les deux valeurs observées sont
significativement différentes (P = 0,01).
Ainsi, au lieu de l’effet de synergie entre tabac et Radon que l’on
pouvait concevoir, on observe dans les départements à forte teneur en Radon
une diminution significative du taux de mortalité inférieur de 16 % au taux
des départements à faible teneur en Radon. Bien sûr, il peut y avoir des
facteurs de confusion qui ne sont pas pris en compte (niveau d’exposition
professionnelle à des substances cancérogènes, niveau de vie, influence du climat...)
mais les facteurs de confusion ne sont pas nécessairement différents entre
les départements de l’un et l’autre groupe. Ces résultats nous conduisent à
considérer que le Radon a pour effet de diminuer les effets cancérogènes du tabac.
Ainsi, il apparaît que, d’une
part, pour de fortes expositions, comme ce fut le cas dans les mines
d’Uranium, le Radon présente un risque cancérogène mais que, d’autre part,
pour les faibles teneurs que l’on trouve dans les habitations le Radon
présente un effet bénéfique en diminuant le taux de mortalité par cancers
broncho-pulmonaires. Il reste à déterminer à quel seuil de concentration
apparaît la transition entre effet bénéfique et risque cancérogène.
C’est un sujet de recherches
qui peuvent être fructueuses mais beaucoup plus difficiles que de se satisfaire
d’une relation linéaire sans seuil, entre risques et concentrations, selon
les conceptions de l’OMS et de l’EPA. Avec ou sans seuil, les conséquences ne
sont pas les mêmes sur le plan scientifique, sanitaire, social et économique.
La Rumeur...
Dans l’introduction de ce document sur la pollution atmosphérique,
nous avons évoqué le phénomène de la rumeur, qui n’épargne pas, non plus, le
Radon. Aux Etats-Unis, la rumeur sur les risques cancérogènes du Radon s’est
largement répandue, engendrant une véritable psychose. Chacun se doit de
connaître la teneur en Radon de son habitation, notamment pour acheter ou
vendre une maison. Des entreprises ont fait fortune en se spécialisant dans
le dosage du Radon.
Depuis, quelques temps, la
rumeur a franchi l’Atlantique et l’on pouvait lire, il y a quelques années,
dans un magazine à grand tirage, un article intitulé Danger Radon ! le
tueur invisible (... ce gaz est la cause de
graves maladies...... ce gaz aux effets réellement désastreux etc...)
Il ne semble pas que cette
rumeur ait fait recette en France, mais davantage dans des pays voisins.
La rumeur est rarement
innocente. Elle a généralement une origine d’ordre spéculatif . Dans le cas du Radon, elle
a sans doute comme base de départ, les campagnes menées depuis quelque temps
par des milieux antinucléaires sur les risques des faibles
doses de radiation. Les centrales nucléaires émettent, en effet, de faibles
quantités de radiations, négligeables à côté des radiations naturelles, mais
l’énergie nucléaire est gênante pour les intérêts financiers et l’hégémonie
de certains lobbies
La population peut être
sensibilisée au risque des faibles radiations par l’exemple du Radon présent
dans les habitations.
En fait, les faibles radiations
ne seraient-elles pas dangereuses lorsqu’elles sont trop faibles ? Trop
insuffisantes ? Ceci n’est pas une galéjade mais une question qui mérite
réflexion. Depuis des milliers de générations, l’homme est exposé aux
radiations naturelles dont le Radon et les radiations internes dues au
potassium 40. L’organisme humain est adapté aux effets de ces radiations.
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